Introduction

Salut Internet,

Nous sommes en Novembre Décembre 2024 Janvier 2025, et, lentement mais sûrement, la fin de l’année approche nous voilà déjà en l’an nouveau (je mets décidément trop de temps à écrire tout ça…).

Pour certaines personnes, c’est synonyme de renouveau et de belles résolutions pour une nouvelle rotation autour du soleil. Pour d’autres, c’est l’occasion de faire l’inventaire de l’année écoulée : nouveautés, accomplissements, échecs…

Ce qui est amusant c’est que, d’une certaine façon, l’industrie du jeu vidéo n’échappe pas à ces traditions.

À la manière du cinéma ou de la musique, le monde vidéoludique célèbre ses plus grands projets au travers de cérémonies prestigieuses, concours et prix divers et variés.

Sans doute connaissez vous déjà les “Game Awards” qui célèbrent le jeu de l’année (Game of the Year) et font couler tant d’encre à chaque occurrence, peut-être avez-vous également entendu parler des BAFTA ou encore des Pégases…

Le fait est qu’il existe beaucoup de récompenses, et, étant quelqu’un de très curieux, j’ai envie de creuser le sujet.

Dans le présent Hululement Ludique, je vous propose de prendre notre envol pour découvrir les différentes récompenses du monde du jeu vidéo, en commençant par les Game Awards puis en s’intéressant à d’autres récompenses en essayant d’en varier les types.

A la fin de cet article, on devrait avoir acquis une meilleure vision de ce qui se fait dans l’industrie et, avec un peu de chance, avoir pris un peu de recul à l’égard de ces cérémonies.

A vos ailes… C’est parti ! 🦉

Le saviez vous ?

Le tout premier “Game of The Year” (jeu de l’année) de l’histoire n’est nul autre que Space Invaders, couronné comme tel en 1979 à l’occasion des Arcade Awards (cérémonie qui n’existe plus de nos jours).

🏆 The Game Awards ▹ La parole aux média

Commençons par la cérémonie qui fait, de loin, le plus de bruit : les “Game Awards” (TGA).

Geoff Keighley, journaliste et producteur, est le visage des Game Awards. Canadien né en 1979, Keighley a fait carrière dans l'univers du journalisme vidéoludique, devenant une figure respectée grâce à son travail dans des publications comme GameSpot et Entertainment Weekly. Sa crédibilité s'est affirmée avec des initiatives comme The Final Hours, une série de documentaires qui plonge dans les coulisses du développement des jeux en donnant justement la parole aux développeurs - concept complet et relativement rare pour l’époque.

En 2013, après des années passées à collaborer avec Spike TV sur les Spike Video Game Awards (une émission télévisée qui avait pour habitude de célébrer les succès commerciaux vidéoludiques de l’année), fatigué par une direction qui cherche à atteindre un public trop large et par tous les moyens (quitte à inviter des personnalités sans aucun rapport avec le jeu vidéo), Keighley prend son indépendance.

Avec son expérience accumulée dans l’industrie et un carnet de contacts bien rempli, il crée alors “The Game Awards”.

Format

Durant 3 à 4 heures, Geoff Keighley anime une scène où il accueille développeurs, éditeurs et autres artistes pour leur remettre des prix.

Ces récompenses sont ponctuées d’annonces exclusives (cinématiques inédites, annonces de nouveaux jeux / DLC etc.) et de prestations artistiques (chant / musique / danse).

L’ensemble de la cérémonie est diffusé en direct sur des plateformes telles que YouTube, devant une audience dépassant les 150 millions de spectateurs.

Si les chiffres exacts du prix à payer par un studio afin de diffuser une cinématique aux Game Awards (me) sont inconnus, il ne me semble pas risqué d’estimer la fourchette basse à 250 000 $ la minute, au minimum.

Fonctionnement

• Plus d’une centaine de média (rédactions / sites web / influenceurs) du monde entier est mobilisée en tant que jury, à la discrétion des organisateurs. Cette internationalisation est récente puisque jusqu’en 2019 le jury était exclusivement anglophone.
• A ce jury est envoyée une liste de catégories, pour lesquelles il est demandé de choisir 5 jeux sortis entre Décembre de l’année passée et Novembre de l’année courante
• Les Game Awards étudient les jeux les plus nominés dans chaque catégorie pour arrêter une liste, puis communiquent cette liste publiquement pour vote
• Le jury (les média) vote, ses voix comptant pour 90% du résultat final
• Le public (vous, moi) peut également voter, sachant que son vote ne compte que pour 10%…

Limites

• Le jury est mobilisé sur invitation, à la discrétion de la direction, sans critères clairs. La question de potentiels “conflits d’intérêt” se pose alors légitimement. Aussi, puisqu’il n’y a pas de réels critères pour être invité, on est libre de penser que l’organisation assume à un certain degré de pratiquer le “copinage”. Est-ce un bien, est-ce un mal, à vous de me le dire en commentaires ! 💬
• Par essence, les votes favorisent les jeux les + joués / les + exposés par les média, donnant donc aux récompenses un angle définitivement plus quantitatif que qualitatif. 📊
• C’est une cérémonie américaine, son point de vue est donc par essence très occidental. 🌎
• Au vu de sa médiatisation et de son format actuels, cette cérémonie impose (consciemment ou non) sa vision de la culture vidéoludique : une vision où le copinage domine, où l’on ignore les enjeux socio-politiques derrière l’industrie, où les publicités à gogo ne sont pas un problème et où tout est sujet à monétisation. L’enfant parfait du capitalisme, en somme.
  Si vous avez déjà regardé cette cérémonie, dans son entièreté, au moins une fois, j’ai une question sincère pour vous : avez-vous trouvé que son format vous était adapté ?

Controverses (oui, au pluriel)

Disparition sans communication de la catégorie Future
Aux Game Awards, de 2020 à 2023 il y avait un concept qui s’appelait la “Future Class”.
La Future Class était un programme qui honorait chaque année « 50 personnes qui représentent l'avenir brillant, audacieux et inclusif des jeux vidéo ». L’idée : donner de la visibilité aux personnes marginalisées (et redorer le blason des Game Awards ?).

Seulement voilà, le 7 Octobre 2023 éclate une guerre qui, encore aujourd’hui (début 2025) provoque la mort de milliers de civils en Palestine. Soucieux de la cause, les membres de la Future Class de 2023 adressent une lettre ouverte aux Game Awards :

As members of the Game Awards Future Class and members of the industry, we are urging The Game Awards to break that silence. We are asking for a statement to be read out in our name during The Game Awards Ceremony on December 7th 2023, which calls for :

1. The games industry to invest resources and work against its systematic dehumanization of people from South-West Asia and North Africa;

2. To express support for the protection of Palestinian human rights;

3. Call for a long term ceasefire before any more civilian lives are unjustly taken.
—
En tant que membres de la Future Class des Game Awards et membres de l'industrie, nous demandons aux Game Awards de rompre ce silence. Nous demandons qu'une déclaration soit lue en notre nom lors de la cérémonie des Game Awards le 7 décembre 2023, qui demande :

1. A l'industrie du jeu à investir des ressources et à travailler contre la déshumanisation systématique des personnes originaires d'Asie du Sud-Ouest et d'Afrique du Nord ;

2. D'exprimer son soutien à la protection des droits de l'homme des Palestiniens ;

3. D’appeler à un cessez-le-feu à long terme avant que d'autres vies civiles ne soient injustement perdues.

Non seulement les Game Awards ne s’exprimeront pas sur le sujet, mais laisseront le public pantois lors de l’édition 2024 lorsqu’à la surprise (ou non) générale, il n’y aurait plus aucune mention à la Future Class… 🤡

Larian / Baldur’s Gate 3 : Rendre hommage à un employé décédé mais se faire dégager de la scène
Une histoire tragique, qui finit pourtant par devenir un meme tant elle est absurde : au nom du respect du planning (car une cérémonie de près de 3 heures opère évidemment à la seconde près [non]) la régie a demandé au directeur de Larian (Baldur’s Gate) de « wrap it up » (conclure) au moment même où celui-ci honorait la mémoire de Jim Southworth, un employé décédé. 👍

Une simple extension / un contenu téléchargeable (un DLC) peut remporter le prestigieux titre de Game of the Year

Ca, c’est la petite nouveauté des 10 ans de la cérémonie, la grande annonce de 2024, le grand bouleversement. Copinage ? Stratégie de médiatisation ? Quoi qu’il en soit, ça fonctionne ! Cherchez “can DLC win goty” sur Google et vous aurez des pages et des pages de personnes qui débattent sur la légitimité ou non pour un DLC d’être éligible au GOTY. Et vous, qu’en pensez-vous ? Cela vous paraît-il cohérent de considérer comme “jeu de l’année” un contenu qui par essence est inaccessible sans achat / complétion complémentaire à un jeu déjà en place ? 🤔

Le Doritos Gate
Un nom charmant pour désigner une douce controverse qui a émergé en 2012 (en l’an 2 avant les Game Awards) et qui nous dépeint les origines d’un Geoff qui se vendait, littéralement, à l’industrie.
Pourriez-vous deviner, à partir de ce cliché, que ce monsieur est journaliste et qu’il s’apprête à vous livrer une critique du jeu Halo ?
Photo insolite, pourtant sombre présage de la forme que Geoff allait donner à ses projets à l’avenir.

Cette liste pourrait continuer, encore et encore, tant il y a de controverse autour des Game Awards (récompenser un jeu vidéo au titre de meilleur jeu indépendant alors qu’il est financé par une multinationale, ignorer une grève des artistes doubleurs…). Seulement voilà, je ne souhaite pas parler QUE des TGA ici, alors voici pour vous quelques lectures complémentaires avant de passer à la suite.

• 📰 Ce qui cloche avec les Game Awards 2023 : entre faillite du jeu vidéo et sélection biaisée
• 📰 Les Game Awards doivent changer !
• 📰 We don't have to be polite about The Game Awards or pretend it actually cares
• 📰 The truth about video game awards events | Opinion
• 📰 The Game Awards will never represent our industry in the way it needs, so what next?
• 📰 You don’t have to pretend to care about the Game Awards
• 📰 The 2024 Game Awards has once again cast a shadow over its adjudication through a questionable nomination
• 📰 Gaming has nothing to fear from the Spike TV Video Game Awards
• ▶️ Vidéo : Monsieur Plouf - POURQUOI je m'en TAPE des GAME AWARDS!?
• ▶️ Vidéo : WhatCulture Gaming - The Game Awards Has A BIG Problem
• ▶️ Vidéo : Laura Fryer - Games Industry Bubble

🕹️ Golden Joystick Awards ▹ La parole au peuple

Une cérémonie hautement (purement ?) médiatique ? Check ✅.
On vient de voir que les TGA opèrent en réalité assez loin de la voix populaire, renvoyant une image d’entre-soi de personnes morales. Afin de changer de perspective, je vous propose à présent de remonter le temps, afin de découvrir les “Golden Joysticks” et leur système de nomination…

Voilà une récompense qui nous dépasse probablement en âge (mes plus plates excuses à mes lecteur·ice·s les plus âgé·e·s)… Inaugurée en 1983, la série des récompenses des “Golden Joystick Awards”, autrefois nommée “People's Gaming Awards”, est une cérémonie britannique pensée pour célébrer les votes de son public. Si historiquement les votes étaient autrefois gérés par le magazine “Computer & Video Games”, ils sont maintenant réalisés via internet.

Format

Chaque année, cette cérémonie d’un peu moins de 3 heures a lieu fin Novembre, quelque part à Londres (tantôt des hôtels, tantôt des salles de conférences / palais de congrès, tantôt même sur une péniche ! [1985]).
Pour le reste du monde, la cérémonie est diffusée en direct sur Youtube.

Au cours de ces 3 heures, des récompenses sont décernées à divers jeux.
Les remises de prix sont régulièrement ponctuées de pauses où l’on retrouve des interviews de studios de développement mais aussi des trailers de jeux à paraître ou encore des prestations artistiques.

Fonctionnement

Each year a long list is voted by website users to narrow down the nominations for each category. This is followed by a shortlist phase to decide the ultimate winners, announced at an event in London, England.
-
Chaque année, les utilisateurs du site web votent pour une longue liste afin de réduire le nombre de nominations dans chaque catégorie. Une phase de présélection permet ensuite de désigner les lauréats finaux, qui sont annoncés lors d'un événement organisé à Londres, en Angleterre.
- Source

• Les récompenses reposent intégralement sur les votes du public.
• Les votes se font par internet et sont ouverts quelques semaines avant la cérémonie, soit généralement début Octobre.
• Tout le monde (vous, moi) peut voter.

Limites

• Puisque les résultats dépendent à 100% des votes du public, ils peuvent être biaisés en faveur des franchises populaires, au détriment des jeux moins connus ou tout simplement des productions indépendantes.
• Puisque les votes se font par internet, sans réelle vérification d’identité, il n’est pas à exclure qu’ils soient manipulables de manière automatisée (bien que l’intérêt soit limité)
• C’est une cérémonie britannique, les votes qui y sont effectués sont donc majoritairement représentatifs d’un point de vue occidental.

Controverse

La censure de Meghna Jayanth (Narrative Designer pour Sable)
Les Game Awards ne sont définitivement pas la seule cérémonie à rejeter la politique. En Novembre 2023, Meghna Jayanth a fait part à l’organisation des Golden Joysticks de son souhait de prononcer un discours hautement humain.

”We’re here to celebrate video-games - but we are all also human beings who live in the world, and it’s impossible to ignore that while we celebrate here a genocide is taking place in Palestine, supported by our government. In the spirit of our shared humanity, I ask everyone tonight to join me in calling for a ceasefire now.”

L’organisation lui ayant refusé ce discours, Meghna n’a eu d’autre choix que de se retirer de la cérémonie.

Lectures additionnelles :

• 📰 The gold standard: how the Golden Joysticks have remained relevant for 36 years
• 📰 Wikipedia : Golden Joystick Awards
• 📰 Abandonware Dos : Golden Joystick Awards

🎓 D.I.C.E Awards ▹ La parole à l’académie

A ce stade de lecture, nous connaissons 2 cérémonies : l’une qui donne la parole aux média, l’autre qui donne la parole “au peuple” - à nous autres petites gens des internets.

Abordons à présent un autre angle : celui d’un regard académique, car oui, il existe des académies portées sur le jeu vidéo !

Si l’univers du cinéma dispose depuis fort longtemps de sa célèbre cérémonie américaine des Oscars, encadrée par “l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences” (AMPAS), notre belle industrie vidéoludique n’est pas en reste : depuis bientôt une trentaine d’années elle s’est en effet approprié les mêmes codes…

Ici, nous allons nous intéresser à là non moins américaine “Academy of Interactive Arts & Sciences” (AIAS) et plus précisément à sa cérémonie des “D.I.C.E Awards”, initiée en 1998.

Format

Là encore, on est sur une cérémonie en salle, diffusée en direct durant 2 à 3 heures, et ayant lieu de manière annuelle - généralement en Février.

Toutefois, contrairement aux précédentes cérémonies, ici il n’y a pas de coupures dédiées à des numéros / sketches ou à de la publicité - ici c’est du jeu vidéo, des devs et puis c’est tout.

Fonctionnement

Un document détaillant l’ensemble des procédures derrière les DICE Awards est disponible par ici. Bon, il date de la cérémonie de 2014 mais qu’à cela ne tienne, il donne une solide idée de ce qui est entrepris.

On y apprend que pour être éligible, un jeu doit avoir été disponible en Amérique du Nord sur l’année écoulée, qu’il doit être sorti au moins sur l’un des supports courants (PC / Console / Mobile) et… Que son éditeur soit membre de l’académie, sans quoi les catégories auxquelles il peut prétendre se voient restreintes.

Pour soumettre un jeu, il faut débourser entre 250$ et 1000$ et fournir un dossier média (avec des images, des vidéos et des descriptions du jeu et de ses points forts).

Un jeu ainsi soumis passe ensuite entre les mains d’un “comité d’experts” (Peer Pannel), composé d’une quinzaine de personnes issues du milieu vidéoludique et dont le rôle sera, vous l’imaginez, d’évaluer ces jeux.

Comme une quinzaine de personnes ne suffit pas vraiment pour évaluer des centaines de jeux, il y a plusieurs comités, chacun dédié à un genre.

Mais que se passe-t-il si, disons, un expert se retrouve à évaluer un jeu sur lequel il a travaillé ? Cela provoquerait inévitablement un conflit d’intérêts, non ?
C’est prévu :

Since there are often occasions when a Peer Panelist has helped to create a nominated game, to prevent conflicts of interest, it is required that Peer Panelists abstain from ranking any title in which they are credited, during these internal votes. Instead, when that Peer Panelist is ranking his games, that game should receive a ranking equal to the average of everyone else’s vote for the game and the rest of that Peer Panelist’s rankings should be adjusted.
—
Pour éviter les conflits d’intérêts, un paneliste impliqué dans la création d’un jeu nominé doit s’abstenir de classer ce jeu lors des votes internes. À la place, ce jeu reçoit une note égale à la moyenne des votes des autres membres du panel. Les autres classements de ce paneliste sont ensuite ajustés en conséquence.

Pour les plus curieux(se)s, je vous invite à prendre connaissance du document, car on y prend le temps de définir un maximum de concepts (qui sont les votants, quelles sont les catégories de vote, quels sont les délais etc.).

Limites

• C’est une académie et, par son recrutement restrictif (il faut avoir contribué à 2 commercialisations de titres vidéoludiques et débourser 500$ - exit donc les petits indépendants), elle cultive l’entre-soi
• Par la culture de cet entre-soi, elle se condamne, au moins en partie, à passer à côté de titres qui lui seraient culturellement très différents.

Controverse

Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’ai pas trouvé de controverse particulière associée aux DICE Awards… Il y a bien eu une fois où sur scène, un professionnel aurait tenu des propos peu recommandables au sujet d’un grand patron, mais est-ce réellement de la controverse ?

En tout cas, si vous avez quoi que ce soit à ce sujet, je suis preneur !

Avant de passer à la cérémonie suivante, voici un petit bonus lecture :

• 📰 For Fun | A Statistical Breakdown of the D.I.C.E Game of the Year Awards

D’ailleurs, si votre curiosité vous a poussé aussi loin dans la lecture et que vous n’êtes pas encore abonné(e) à mes écrits, je vous invite à me rejoindre juste ici ! Promis, je ne spam pas. En fait, je m’estime heureux si je sors 1 article au mois !

🎙 Game Developers Choice Awards ▹ La parole aux gens du métier ?

En suivant la “Game Developers Conference” et en voyant passer le concept des récompenses des “Game Developers Choice”, je me suis dit “Chouette ! Voilà une cérémonie dirigée directement par des personnes du secteur ! Il faut que j’en parle dans un hululement !”.

Sauf qu’en creusant un peu, je me suis rendu compte que cette cérémonie n’était, dans son format actuel, finalement pas si différente des DICE Awards.

📜 Commençons par un peu (beaucoup ?) d’histoire…

Tout débute dans les années 1980, aux États-Unis (une fois n’est pas coutume).
La conception de jeux vidéo est à ses débuts et un certain Chris Crawford, professeur texan reconverti en développeur pour ATARI, décide de publier sur internet “The Journal of Computer Game Design”.

L’idée : professionnaliser le jeu vidéo, à cette époque encore vastement considéré comme un “hobby”, en proposant un espace où diverses discussions sur le métier seraient encouragées, facilitant ainsi un apprentissage collectif et un partage d’informations pour tirer l’ensemble de la profession vers le haut (source).

Très vite, cette initiative rencontre l’appréciation du public et Crawford se trouve encouragé à aller plus loin : organiser une rencontre, en présentiel, afin de discuter de jeux vidéo (source).
Ainsi, Chris coordonne en 1988 la toute première édition de la “Computer Game Developers' Conference” à son domicile.

Prenons un instant pour constater le public, essentiellement masculin, témoignant d’une époque où l’informatique (pour ne pas cibler le jeu vidéo) était un secteur encore très fermé aux femmes.

Le concept, inédit pour l’époque et véritablement intéressant pour les professionnel(le)s, séduit immédiatement - très vite de nouvelles conférences se planifient et fédèrent une petite équipe aux côtés de Crawford.

Seulement voilà, avec le succès viennent aussi les complications…

La réputation grandissante de la conférence attire des foules toujours plus denses, obligeant l’équipe à augmenter les prix d’entrée pour tenter de préserver un espace professionnel et limiter la présence de parfaits amateurs.

💰Rien n’y fait : l’affluence ne faiblit pas, les caisses sont toujours + remplies et toute cette nouvelle richesse entraîne des dérives : décisions discutables, attribution de ressources par favoritisme, demandes d’équipement pour des usages personnels... Crawford assiste, impuissant, à une évolution qui trahit l’esprit originel de camaraderie, de partage et surtout de gratuité.

[…] We all agreed on the basics: this was to be a public service, not a profit-driven conference, and board members were to derive no financial benefit from their service. Our treasurer, Stephen Friedman advised us that it would be impossibly difficult for us to incorporate as a non-profit corporation, and we took him at his word. In this, we made a colossal blunder that later caused much pain to all of us. We were legally for-profit but spiritually non-profit. […]

[…] Attendance grew by at least 50% each year […]

[…] But our success would be our doom. We had always strove to keep the price of the conference low: the first was free, the second was $75, the third was $125, and so on. Each time, we found the conference inundated with wannabees -- people who weren’t professional game designers but desperately wanted to be. […]

[…] Things went downhill from there. The wealth being generated by this conference was obvious for any board member to see, and greed began to creep into their minds. […]

[…] So the board finally removed me from the chairmanship […]

[…] Under its new owners, the collegial atmosphere that had characterized the conferences I ran was replaced by a purely commercial atmosphere. […]

—

[...] Nous étions tous d'accord sur les principes de base : il s'agissait d'un service public, et non d'une conférence à but lucratif, et les membres du conseil d'administration ne devaient tirer aucun avantage financier de leur fonction. Notre trésorier, Stephen Friedman, nous a indiqué qu'il serait extrêmement difficile pour nous de nous constituer en société à but non lucratif, et nous l'avons pris au mot. Ce faisant, nous avons commis une erreur colossale qui, par la suite, nous a causé beaucoup de peine à tous. Nous étions légalement à but lucratif, mais spirituellement à but non lucratif. [...]

[...] La fréquentation augmentait d'au moins 50 % chaque année [...]

[...] Mais notre succès allait nous condamner. Nous nous sommes toujours efforcés de maintenir le prix de la conférence à un niveau bas : la première était gratuite, la deuxième était à 75 dollars, la troisième à 125 dollars, et ainsi de suite. À chaque fois, nous avons constaté que la conférence était inondée de « wannabees », c'est-à-dire de personnes qui n'étaient pas des concepteurs de jeux professionnels mais qui voulaient désespérément le devenir. [...]

[...] À partir de là, les choses se sont dégradées. La richesse générée par cette conférence était évidente pour n'importe quel membre du conseil d'administration, et l'avidité a commencé à s'insinuer dans leur esprit. [...]

[...] Le conseil d'administration m'a finalement retiré la présidence [...]

[...] Sous ses nouveaux propriétaires, l'atmosphère collégiale qui avait caractérisé les conférences que je dirigeais a été remplacée par une atmosphère purement commerciale. [...]

La GDC devient progressivement une machine commerciale, éloignée de la vision altruiste qui l’avait fait naître (source). Avec les années, elle passe entre les mains des éditeurs Miller Freeman Inc. puis Informa, et rassemble toujours + de monde.

The show must go on.

Mais alors concrètement, les récompenses du jeu vidéo là-dedans, ça vient d’où ?

Eh bien, après avoir coorganisé 3 itérations d’une cérémonie nommée “Spotlight Awards” de 1997 à 1999, la GDC inaugure sa propre cérémonie en 2001 : les “Game Developers Choice Awards” (GDCA).

Format

Généralement tenue au mois de Mars, la cérémonie des GDCA est diffusée en direct sur Youtube et sur Twitch pendant environ 2 à 3 heures.

Sur place, la cérémonie a lieu dans une salle, avec tout un tas d’invités attablés et quelques boissons.

La remise de prix est présentée sous la forme de différentes prises de paroles, entrecoupées de cinématiques des différents jeux abordés.

Fonctionnement

Les votes pour les GDCA sont effectués en 3 étapes, principalement par les membres du International Choice Awards Network (ICAN) qui sont un groupe (sur invitation) composé de concepteurs de jeux influents.

👥 Nomination Vote 1

Les membres de l'ICAN recommandent jusqu'à trois individus par catégorie pour les prix spéciaux (Ambassador Award, Pioneer Award, Lifetime Achievement Award). L’idée étant d’identifier rapidement des profils humains intéressants à faire valoir.

🎮 Nomination Vote 2

Ils nomment jusqu'à trois jeux par catégorie pour les catégories principales. L’idée étant d’établir une liste de jeux particulièrement dignes d’intérêt.

🏆 Category Vote

Les participants votent enfin pour déterminer un jeu vainqueur dans chaque catégorie, en attribuant des notes allant de 0 à 5. L’idée étant d’établir la liste des jeux qui seront officiellement sous les projecteurs le jour de la cérémonie.

Pour le fonctionnement complet, vous pouvez jeter un œil par ici.

Limites

• Il s’agit, encore une fois, d’un événement avant tout américain

🚫 L’organisation explicite une liste de pays avec lesquels elle ne souhaite pas faire affaire. C’est humainement dommage, d’autant plus lorsque l’on sait ce que ces pays sont capables de produire (World of Tanks vient de Biélorussie, Children of Morta vient d’Iran, Escape From Tarkov vient de Russie, S.T.A.L.K.E.R vient d’Ukraine…). Je n’ai pas pu vérifier s’il s’agit d’un choix de la direction de l’événement, ou s’il s’agit d’un ordre donné par l’administration américaine.

Please note the the Organizer has restricted business with the following countries and territories: Afghanistan, Belarus, Cuba, Iran, Libya, Myanmar (Burma), North Korea, Russia, Russian occupied territories of Ukraine (Crimea, Luhansk, Kherson, and Zaporizhzhia), Syria, and Venezuela.
—
Veuillez noter que l'organisateur a restreint ses activités avec les pays et territoires suivants : Afghanistan, Biélorussie, Cuba, Iran, Libye, Myanmar (Birmanie), Corée du Nord, Russie, territoires ukrainiens occupés par la Russie (Crimée, Louhansk, Kherson et Zaporizhzhia), Syrie et Venezuela. - Source

Lectures additionnelles

• 📰 David Mullich - Remembering My First Game Developers Conference
• 📰 Game Developer - An Interview With Chris Crawford
• 📰 Ehsan Ehrari - Game Industry In Afghanistan
• ▶️ Chris Crawford’s “Dragon Speech”

🎭 BAFTA Game Awards ▹ L’académie (encore)

Ca va, je ne vous ai pas perdu ?

La lecture est longue, et nous avons encore un peu de chemin, alors si ce n’est pas déjà fait, c’est l’occasion de boire un coup avant de continuer !

L’auteur se sert un petit verre d’eau, en réfléchissant à ce Hululement qui se transforme peu à peu en une encyclopédie des récompenses du jeu vidéo…

Je ne pouvais pas dédier une page aux récompenses du secteur vidéoludique sans mentionner les “BAFTA”.

Si vous avez été attentifs & attentives plus tôt, vous avez déjà connaissance des modes de fonctionnement des récompenses dans les secteurs académiques, puisque c’est précisément ce que nous avons couvert en parlant des DICE Awards ainsi que des Game Developers Choice Awards.

Eh bien les BAFTA, qui tirent leur nom de la “British Academy of Film and Television Arts”, ne dérogent pas à la règle.

En fait, BAFTA c’est beaucoup plus large que le jeu vidéo, à la base.

Créés en 1949 sous le nom de British Film Academy Awards, ils visaient à récompenser les productions cinématographiques britanniques et internationales.
En 1958, la British Film Academy a fusionné avec la Guild of Television Producers and Directors, donnant naissance à l’organisation actuelle : la BAFTA, qui récompense aussi bien le cinéma que la télévision.

L’objectif : récompenser les meilleures productions audiovisuelles “en mettant en avant la créativité, l’innovation et l’excellence technique et artistique”.

Cependant, avec l’essor du jeu vidéo, la BAFTA a introduit une section dédiée en 1998, qui devient une cérémonie à part entière en 2004 sous le nom de BAFTA Game Awards.

Format

Généralement tenue au printemps de chaque année, la cérémonie des BAFTA Game Awards se déroule comme suit :

• Une arrivée sur tapis rouge, avec interviews des “stars”
• Une remise de prix où des célébrités présentent les nominations et les gagnants
• Des discours de remerciements
• Des performances musicales et des hommages

La partie de la cérémonie se déroulant en salle étant généralement diffusée en direct à la télévision (BBC), ainsi que sur Youtube / Twitch.

Fonctionnement

L’ensemble des règles des BAFTA Game Awards est disponible par ici. C’est un document volumineux que je vais essayer de synthétiser.

✉️ Du côté des candidatures :

N’importe quel studio peut soumettre la candidature de son jeu, dans la mesure où ce jeu est sorti au Royaume-Uni l’année précédent la cérémonie.

Depuis cette année, les remasters ne sont explicitement pas éligibles en dehors des catégories techniques (s’ils apportent des innovations significatives), petite balle perdue pour les Game Awards de Keighley ?

Soumettre un jeu coûte entre 200£ et 500£, selon le moment où la candidature est soumise.

La liste des catégories de récompenses pour les jeux est établie bien avant les votes.

Si l’on soumet un jeu aux BAFTA, il faut prévoir des copies pour les votants.

🗳️ Du côté des votes justement :

Le processus de vote se déroule en trois tours et implique des professionnels du secteur membres de BAFTA (vous reprendrez un peu d’entre-soi académique).

• Premier tour : environ 1 200 membres votent pour établir une liste de 10 jeux par catégorie.
• Deuxième tour : les membres votent pour sélectionner 6 nominations dans les catégories Best Game et British Game.
• Troisième tour : les membres votent pour désigner les vainqueurs des catégories Best Game et British Game.
• Pour toutes les autres catégories : un jury de 9 à 12 experts débat et sélectionne les 6 nominés et le gagnant.

Limites

• Le prix à l’entrée peut être dissuasif pour les développeurs les moins fortunés
• Le système de votes n’est pas pensé de manière “proactive”, c’est à dire que le jury attend littéralement des candidatures : ainsi, tous les jeux nominés découlent nécessairement d’une démarche active de leurs développeurs.
• Les catégories de nomination sont trop vagues et ne récompensent pas des champs de compétences précis derrière les jeux - de nombreuses personnes y voient donc un biais en faveur des grosses productions (jeux AAA).
  A ce propos, dans cet article d’opinion “What is Wrong with Video Game Awards”, un développeur critique les BAFTA Game Awards en dressant une opposition très intéressante avec les récompenses des BAFTA dans le milieu cinématographique.

Controverse

Ci-dessous, je vous partage le peu de controverse que j’ai trouvé autour des BAFTA. On peut y trouver une critique du format même des BAFTA Game Awards, mais aussi un questionnement sur la manière la plus adéquate de gérer le cas où, dans les nominations, il y aurait des criminels avérés…

• 📰 BAFTA Game Awards 2024 interview: ‘It’s not like a marketing showcase’
• 📰 Bafta to revoke future winners’ awards in cases of serious criminal convictions

🦄 Les Pégases ▹ L’académie (toujours)

Avec vos récompenses académiques, vous reprendrez bien un peu de récompenses académiques ?

L’auteur soupire longuement…

Bon, en vrai, je fais ma mauvaise langue mais on tient là quelque chose d’intéressant, ne serait-ce que par le fait que c’est français.

Les “Pégases”, c’est une cérémonie relativement jeune, créée en 2020 sous l'impulsion du Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV), qui a lui-même fondé l'Académie des Arts et Techniques du Jeu Vidéo un peu plus tôt, en 2019.

“L’objectif de cette récompense est double. D’une part, donner une visibilité au jeu vidéo français […] et par ailleurs participer à la reconnaissance culturelle et institutionnelle du jeu vidéo, comme le cinéma et la bande dessinée ont pu y parvenir avant lui. Comme l’écrit le SNJV dans sa présentation, « le jeu vidéo est au XXI^e siècle ce que le cinéma a été au XX^e siècle. »” - William Audureau pour Le Monde

Format

La cérémonie des Pégases, explique Radio France, c’est “deux heures pour remettre une vingtaine de prix, des discours sans pression pour "ne pas prendre trop de temps" […], des transitions détendues et moins cadrées que pour le cinéma, un décor prestigieux […] et un parterre de "professionnels de la profession".”

Tout cela est diffusé en direct à la télévision, mais aussi sur Twitch et sur YouTube.

Pour vous en faire une idée, voici la cérémonie de 2022 :

Fonctionnement

L’ensemble du règlement de la cérémonie des Pégases est disponible par ici.

Pour une version plus courte :

La désignation des vainqueurs est réalisée tous les ans non par un jury restreint, mais par les plus de 1500 membres de l’Académie des Arts et Techniques du Jeu Vidéo, qui votent en deux tours. Le vote de chaque membre est secret.

Lors du premier tour, les académiciennes et académiciens votent pour désigner les nommés parmi tous les jeux soumis par les studios de développement, éditeurs et organismes de formation (pour le Pégase du Meilleur jeu vidéo étudiant).

Au cours du second tour, le même corps électoral vote pour un nommé dans chaque catégorie, excepté pour la catégorie du meilleur jeu vidéo étudiant, notre comité de pilotage votera. L’agrégation de l’ensemble de ces votes permet ensuite de déterminer le lauréat de chaque catégorie, dont le nom est révélé lors de la Cérémonie des Pégases.

Comme c’est pratique de pouvoir copier-coller un texte aussi concret et simple, directement depuis le site des Pégases…

Mais alors concrètement, ces “1500 membres” votants, qui sont-ce ?

Là encore, un copier-coller depuis le site de candidature à l’académie répond à nos questions :

Le statut de Membre de l'Académie est réservé aux personnes, de quelque nationalité que ce soit, d’un âge minimum de 16 ans révolus, exerçant de façon habituelle en France, ou des personnes de nationalité française exerçant à l'étranger, un métier appartenant à l’industrie du jeu vidéo (pour les Membres des collèges Design, Technologie, Edition et Support, Management, Image et Son) ou une activité qui concourent au développement du secteur du jeu vidéo (pour les Membres du collège Honoraire), que ce soit sous statut de salarié, de fonctionnaire, de journaliste, d’indépendant ou encore d’entreprise individuelle.

Ensuite, pour soumettre un jeu, il faut s’acquitter de frais allant de 100 à 200 € (le tarif est préférentiel pour les membres du SNJV et les étudiants).

Pour être éligible, un jeu doit être sorti en France l’année précédant la cérémonie.

Enfin, au moment de la candidature, on doit spécifier les catégories (maximum 3) auxquelles on souhaite faire concourir notre jeu.

Limite(s)

• Les Pégases sont une cérémonie francophone, qui s’intéresse majoritairement aux productions faites en France. S’il y a bien quelques catégories ouvertes à l’international (Meilleur jeu vidéo étranger / Meilleur jeu vidéo indépendant étranger / Meilleur jeu vidéo mobile étranger), ce n’est clairement pas l’essence de la cérémonie.

Lecture additionnelle

Si le sujet vous intéresse, je vous recommande fort l’article suivant pour Le Monde Pixels - on y apprend la longue histoire des récompenses vidéoludiques francophones (qui auraient, in fine, mérité leur propre Hululement Ludique).

• 📰 William Audureau - Des « Tilts d’or » aux « Pégases », l’histoire cabossée des Oscars du jeu vidéo à la française

Steam Awards ▹ La cérémonie sans cérémonie

Assez parlé d’académies - parlons ici d’une méthode de récompense qui tente de se positionner au plus près des joueurs : les Steam Awards.

Si vous lisez ceci et que vous ne connaissez pas “Steam”, retenez simplement que c’est la plus grosse plateforme numérique de jeux-vidéo : on les y achète, et on les y collectionne dans des bibliothèques (on devrait dire ludothèques) en ligne. L’entreprise derrière Steam, c’est Valve.

Créés en 2016, les Steam Awards visent à récompenser des jeux en suivant des catégories “insolites et à la mode”, changeant donc d’une année à l’autre.

Avant de nous intéresser au format de ces récompenses, je vous propose de lire quelques noms de catégories de nomination :

• Le prix « C'est pas moi qui pleure, c'est mes yeux »
• Le prix « Le monde est assez lugubre, vivons tous en harmonie »
• Le prix « Meilleure réécriture de l'Histoire »
• Le prix « Meilleur jeu auquel vous êtes nul »

Format

Chaque année, Valve organise les Steam Awards durant les soldes d'automne et d'hiver, permettant aux utilisateurs de Steam de proposer leurs jeux favoris et de voter.

Il n’y a pas de “cérémonie” au sens physique du terme : pas de salle, pas de discours, pas d’émission : juste des votes dans le client Steam directement (ou sur sa page web), et des résultats.

Fonctionnement

Steam définit un certain nombre de catégories de nomination, entièrement à sa discrétion. Ensuite, ces catégories sont proposées sous la forme de votes libres à l’ensemble des utilisateur·ice·s de Steam.

🎉 Phase 1 : Nominations

Les joueurs peuvent nominer n’importe quel jeu, dans n’importe laquelle des catégories imposées par Steam.

L’idée de cette phase est simple : obtenir une longue liste de jeux pour chaque catégorie.

Ceux qui participent aux nominations peuvent obtenir des badges Steam pour leur profil :

🗳️ Phase 2 : Votes

A l’issue de la phase précédente, Steam pousse une liste restreinte de jeux finalistes, à raison de 5 jeux par catégorie.
Les joueurs peuvent alors voter, et cela tombe généralement durant les soldes d'hiver.

Les résultats sont annoncés fin décembre ou début janvier.

Seuls les jeux disponibles sur Steam peuvent être nominés.

Limites

• Eh bien, comme on l’a vu plus tôt, quand c’est le public qui vote et ce sans restrictions, le vote devient surtout quantitatif et non qualitatif - un excellent titre (techniquement parlant) avec peu de joueurs se verra donc disparaître dans l’ombre de titres (techniquement) peu risqués mais massifs en termes de joueurs.

Controverse

Comme il n’y a pas de cérémonie à proprement parler, donc pas de personnalités ni de grands discours ou de conflits d’intérêts potentiels, je n’ai pas vraiment trouvé de controverses autour des Steam Awards.
Il y a bien les sempiternels débats autour de la “valeur” de ces awards au vu du fait qu’ils ne sont, finalement, rien de plus qu’un concours de popularité, mais je ne vois pas là de controverse à proprement parler.

Si vous en connaissez, n’hésitez pas à m’en faire part !

En matière de lectures additionnelles, j’ai bien quelques articles à vous proposer :

• 📰 Eric Switzer - So The Steam Awards Were A Joke, Right?
• 📰 Ali Jones - As Starfield and Red Dead Redemption 2 claim controversial prizes, doubt is being cast over the value of The Steam Awards
• 📰 Reddit /r/pcgaming - The steam awards show exactly why gamers can't be responsible to actually hand out awards
• 📰 KnowYourMeme (oui oui, vraiment) - 2023 Steam Awards Controversy

Conclusion (enfin)

A la lumière de ces recherches, je pense pouvoir affirmer que puisque les récompenses sont un sujet par essence profondément subjectif, il est peu probable que l’on parvienne un jour à une solution faisant consensus tant l’industrie vidéoludique a grandi et vu ses intérêts se diversifier.

Chaque cérémonie ne représente finalement rien de + que ses propres règles, mais surtout la démographie qui s’y intéresse.

Laisser la part belle des voix aux représentants de l’industrie, c’est laisser ouverte la porte aux conflits d’intérêt et à l’instrumentalisation des prises de parole.

Laisser la part belle des voix aux jou·eur·euse·s, c’est condamner d’office les jeux ayant reçu le moins d’exposition et, très vraisemblablement, constater des votes alignés avec les chiffres de ventes.

Qu’est-ce qu’on fait du coup ?

It doesn't matter what awards you pick, there will be people who will criticise how they're decided. And the truth is... they're right.
[…]
The winners deserve to win, the losers don’t deserve to lose.

- Christopher Dring
—
Peu importe la récompense à laquelle vous vous intéressez, il y aura toujours des gens pour critiquer la façon dont elle est attribuée. Et la vérité… C’est qu’ils ont raison.
[…]
Les vainqueurs méritent leurs victoires, les vaincus ne méritent pas leurs défaites.
—
Source : https://www.gamesindustry.biz/the-truth-about-video-game-awards-events-opinion

Eh bien, à l’ère où profit et divertissement priment sur conscience et éthique, je pense qu’il faut se cultiver. Cultiver la diversité, l’ouverture d’esprit, et ne pas se laisser dicter nos goûts exclusivement par le commun - non pas que le commun soit un mal en soi.

On a mieux fait de regarder les différentes cérémonies (ou leurs résumés) en ne les prenant que pour ce qu’elles sont : un divertissement et un point de vue parmi tant d’autres sur l’industrie.

A titre purement personnel et sur un aspect plus technique, j’aurais été très curieux de voir ce qu’aurait pu donner une cérémonie où les votes sont 100% publics (à la manière des Golden Joysticks ou des Steam Awards)…
Au détail près que les voix comptabilisées ne seraient pas déterminées par le nombre de votes par jeu, mais mais par le nombre de votes par jeu rapporté au volume des ventes de ce même jeu.

Ainsi 1 vote pour un jeu “A”, vendu à 10 exemplaires, serait équivalent à 10 votes pour un jeu “B” vendu à 100 exemplaires par exemple.

Cela permettrait d’éliminer les conflits d’intérêt car les votes reposeraient sur le public, et cela éliminerait le biais imposé par la popularité d’un jeu, mais cela poserait sans doute de nouveaux problèmes, à commencer par la simple “popularité” du vote en lui-même : ne peuvent voter que des personnes qui savent qu’une telle cérémonie existe.
Aussi, pour mettre cela en place, encore faudrait-il disposer de tous les chiffres de ventes…

Bref, on n’est pas sorti de l’aubergine, mais cela n’empêche pas l’apparition régulière de nouvelles cérémonies, plus ou moins insolites, qui tentent chacune à leur manière de résoudre les problèmes posés par les autres.

Cette année par exemple a eu lieu la première édition des “The Game Awards for Games Who Can’t Afford The Game Awards” TGAGWCAGA (à prononcer “dacag wakaga” et non ce n’est pas une blague), en opposition à l’onéreuse cérémonie de Keighley. Un chouette concentré de talents indépendants, que je vous invite chaleureusement à découvrir pour sublimer la présente lecture.

Pour finir cet écrit (beaucoup trop long, j’en conviens), j’aimerais vous remercier pour votre patience et votre attention. J’ai bien conscience qu’une telle page, ça demande pas mal de temps alors si vous avez tout lu : CHAPEAU.

Promis, je ferai un effort de découpage pour les prochaines éditions !

D’ici là, portez vous bien, défoulez vous dans les commentaires, faites moi savoir ce que vous pensez de ces cérémonies (si vous les suivez, de près ou de loin), si vous connaissez d’autres cérémonies ou quoi que ce soit d’autre qui vous passe par la tête !

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